A peu près en même temps que ma vie s’est mise à se compliquer, elle est devenue plus belle aussi. Plus évidente, plus nécessaire. N’étant plus seulement le passeport de ma survie biologique, elle est devenue le centre de mon intérêt parce qu’elle s’est justement mise à graviter autour du reste du monde, à l’observer et à tendre vers lui une main et un sourire.
Elle est devenue la raison de se lever le matin, la raison de continuer à marcher, la raison de continuer à vivre et à pleurer aussi. Parce qu’à l’instant où j’ai choisi cette route, je l’ai trouvé si riche et si belle que la quitter m’aurait tué.
J’ai fait mon choix il y a des années. D’ouvrir mes volets sur vos mondes. Et aujourd’hui vous faîtes tous partie de moi. Même lorsque vous êtes loin de moi, même lorsque nous nous oubliions quelque fois, je vous entends encore, vous ressens encore, et un sourire colore mes lèvres de penser à vos destins. Et un glaive transperce mon cœur d’entendre suinter vos douleurs. J’ai rencontré le monde et le monde m’a façonné.
Je ne sais pas si j’ai fait le bon choix. Si je me suis perdue où bien me suis trouvée. Ma vie a seulement pris un sens en étant un bout de vous tous, et aujourd’hui le système marche et l’équilibre me tient en vie. Alors je poursuis ma route, avec cette chance unique de posséder un foyer de bonheur au creux de mon cœur, grâce à votre grandeur.
Vous m’avez aimé un jour, ou un instant, et jamais je ne saurai vous témoigner combien ce geste fut tout pour moi. Mais je ferai de mon mieux pour vous aimer à mon tour. Car c’est l’essence même de ma vie.