Ce matin, je suis partie comme à mon habitude dans ma petite polo rouge avec des sièges avec des fleurs dessus. Je suis partie chez Mme D. dont je garde le chat (oui, je suis petsitter à mes heures perdues hein). Comme il faisait froid, j'ai mis un peu de chauffage dans la voiture, juste un peu, juste le temps que la température devienne décente. Quand je suis arrivée sur place, la grande maison m'attendait, toujours aussi imposante. Un petit tour de clefs dans la serrure, et j'entrais déjà dans ces lieux familiers. Rien ne changeait jamais ici. le chat venait me saluer et me tournicoter dans les pattes, la cuisine était rutilante, le sofa avait pris la forme de mes fesses à force que je m'y pose.
J'ai sorti mes notes, me suis installée sur la table de la cuisine, et me suis mise en tête de tenir à jour le journal de bord de mon stage, parce que cette année, je veux faire les choses bien. Et puis j'ai repensé à cet appel téléphonique dépitant hier. Quand Mme B. m'a dit qu'elle ne m'encadrerait pas pour mon mémoire de recherche parce qu'il n'avait pas visée à proposer des améliorations de la qualité de vie des patients... En même temps, je ne suis qu'en M1. Et puis si on ne met pas en évidence le déficit, on ne craint pas de le régler... Enfin bref.
Je me suis demandée pourquoi la réussite professionnelle prenait une telle ampleur aujourd'hui. Hier, mon père m'a envoyé un message pour me dire qu'il était à la retraite un mois plus tôt que prévu, à savoir... Maintenant. Ca m'a fait tout drôle. C'est comme si je ne parvenais pas à comprendre qu'il en soit heureux. Parce que je me dis que moi, je vivrai comme une tragédie le fait de ne rien avoir de prévu pour le lendemain ; ni pour le surlendemain. Mais en même temps, je n'ai que 22 ans, il est normal que cette pensée soit effarante pour moi, ou j'aurai du mal dans l'avenir !
La pensée de n'avoir aucune utilité est peut-être le meilleur booster de ma motivation professionnelle, je ne sais pas trop. Ce sont des processus sous-jacents multiples, complexes et intriqués dans lesquelles je laisse bon soin à mes amis étudiants en psychologie du travail de s'enfourner.
L'autre jour, Nico m'a demandé ce que je ferai si j'étais millionnaire, et j'ai dit que je ferai le tour du monde. Il m'a regardé d'un air soupçonneux, comme s'il n'y croyait pas, et j'ai eu le sentiment qu'il me connaissait de travers. Qu'il était si déçu de la vie et de ce que les gens en font qu'il m'imbriquait dans cette même logique conformiste de travail-famille-patrie. Mais je ne crois pas m'investir dans ma carrière professionnelle parce qu'il faut le faire, mais vraiment par amour de la psychologie. J'ai fait l'erreur de choisir la facilité, je le sais aujourd'hui, l'an dernier, en partant en psychologie du travail, mais aujourd'hui, je sais ce que je veux. Et si je l'obtiens, tant mieux. Et si je ne l'obtiens pas, tant pis. je ne veux seulement pas avoir sur la conscience de ne pas m'être battue.
Je ne veux seulement pas avoir sur la conscience de ne pas m'être battue.
Mais j'espère sincèrement que si je gagne le million un jour, j'aurai le bon sens de faire le tour du monde.
Samedi 5 septembre 2009 à 14:43